
Photographies de la Société de Géographie : Accès thématique
Découvrez sur cette page des ensembles thématiques majeurs issus du fonds iconographique de la Société de géographie en dépôt à la Bibliothèque nationale de France, ainsi qu'un accès aux photographies sur plaques de verre.
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Vues sur verre
Dans le dernier quart du XIXe siècle, la photographie n’est plus seulement conservée dans les collections de la bibliothèque, elle est intégrée au discours que produit la Société de géographie sur l'exploration du monde et les dernières découvertes. En 1875 ont lieu les premières conférences illustrées par des projections photographiques. Réalisées par le fabricant d’appareils d’optique Alfred Molteni, des vues sur verre (10 x 8,5 cm) sont projetées en séance puis conservées dans les collections. Organisées dans un souci de vulgarisation et de pédagogie par l'image, ces projections sont pour le grand public un formidable outil d'appropriation visuelle de réalités et territoires nouveaux. Elles constituent un jalon essentiel de la connaissance de l'Ailleurs et de l'Autre au tournant des XIXe-XXe siècles.
La collection de vues sur verre compte environ 20 000 vues réalisées majoritairement entre 1875 et 1914 et couvrant tous les continents. La numérisation du corpus est en cours, un accès par continent vous en est proposé. -
Portraits de géographes et de voyageurs
En 1875, la Société de géographie est sollicitée pour organiser au Palais des Tuileries le second Congrès international des sciences géographiques. Quinze nations représentées à l’exposition qui est organisée à cette occasion offrent aux visiteurs leurs principales réalisations et innovations dans le domaine des sciences géographiques : instruments de mesure et de relevés, travaux cartographiques, atlas et dictionnaires géographiques. Pour la couverture de l’événement, la Société de géographie s’assure les services d’un photographe, Alexandre Quinet qui doit constituer un album du congrès où figureront les principaux événements et les salles d’exposition. Il est également demandé au photographe de réaliser un album de portraits des membres étrangers du congrès.
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Cette dernière idée est reprise quelques semaines plus tard par le secrétaire général Charles Maunoir qui invite les membres de la Société de géographie à envoyer leur portrait pour « l’album des géographes et voyageurs ». Alexandre Quinet nommé photographe officiel de la Société de géographie réalise les premiers portraits de ses membres mais d’autres photographes participent désormais à l’entreprise : Eugène Pirou, Alphonse Liébert, Charles Reutlinger ou Théodore Truchelut.
La Société compte alors plus de 2000 membres : des géographes comme Élisée Reclus, Louis Vivien de Saint-Martin, Franz Schrader ou Paul Vidal de Lablache, des voyageurs et explorateurs français tels Savorgnan de Brazza, Fernand Foureau ou Jules Crevaux, étrangers tels John Hanning Speke, Gerhard Rohlfs, John Wesley Powell ou Adolf Erik Nordenskiöld, des représentants de diverses disciplines, l’égyptologue Auguste Mariette, l’explorateur-photographe Désiré Charnay, l’astronome Jules Janssen, le naturaliste Armand de Quatrefages, des personnalités en lien avec le monde de l’éducation parmi lesquelles Victor Duruy, Emile Levasseur ou bien encore les hommes de lettres Ernest Renan et Jules Verne.
Ce projet est dans les dernières années du XIXe siècle élargi à tout document – photographie, dessin, gravure – d’une personne ayant un nom dans le domaine de la géographie et des voyages. Cette collection comprend près de trois mille portraits, la plupart accessibles désormais dans Gallica.
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Images de l'Ouest américain
Au sortir de la guerre de Sécession, le gouvernement fédéral des États-Unis relance les campagnes d’exploration dans l’Ouest américain. Quatre missions, identifiées par le nom de leur responsable, sont conduites dans un but d’exploration scientifique méthodique et rigoureuse du territoire. Le « King Survey » conduite par le géologue Clarence King a pour but d’étudier une bande de 150 kilomètres de large autour du quarantième parallèle le long de la ligne de chemin de fer transcontinentale Pacific Railroad. La même année 1867, Ferdinand Vandeveer Hayden se voit confier l’exploration des territoires du Wyoming, du Nebraska et du Colorado. Deux autres missions sont lancées en 1869. George Montague Wheeler reçoit comme objectif de couvrir les territoires au sud des Rocheuses, situés à l’ouest du centième méridien. Dans le même temps John Wesley Powell est chargé d’étudier les plateaux et canyons du bassin moyen du Colorado. Pendant dix ans, ces missions vont sillonner l’Ouest américain avant que l’United States Geological Survey, créé en 1879, ne regroupe en un seul organisme les différentes campagnes à mener dans cette partie des États-Unis.
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La description topographique et géologique du territoire est le premier objectif de ces missions mais beaucoup de disciplines y sont agrégées, telles la botanique ou l’ethnologie. La photographie joue désormais un rôle majeur dans la collecte d’informations comme, dans les décennies précédentes, le dessin ou la peinture ont pu remplir cette fonction. Chaque chef de mission s’adjoint les services d’un photographe. King puis Wheeler font appel à Timothy O’Sullivan, déjà connu pour ses clichés lors de la Guerre Civile. William Henry Jackson est intégré à la mission Hayden. John Hillers, enfin, est le principal photographe du « Powell Survey ».
Le travail d’inventaire géographique rigoureux que mènent ces photographes dépassent pourtant le cadre strictement documentaire. Certaines images d’O’Sullivan invitent à un rapprochement avec la tradition du paysage idéal dans la peinture américaine de la première moitié du XIXe siècle. D’autres résolument modernes ont gagné le statut d’icônes de la photographie. D’autres images enfin qui révèlent et magnifient les merveilles naturelles vont contribuer à forger l’imaginaire américain. La force des photos de Jackson qui accompagne la mission Hayden en 1871 et 1872 dans la région de Yellowstone poussent les membres du Congrès à la création immédiate d’un parc national, le premier dans le monde.
La concurrence sur le terrain entre les géologues et les rivalités entre les départements de la Guerre et de l’Intérieur qui se partagent le pilotage de ces quatre missions amènent une émulation dans la production documentaire et la diffusion des résultats scientifiques. En direction du grand public la réalisation de cartes stéréoscopiques permet au plus grand nombre de se familiariser avec ces nouveaux territoires où chacun est invité à s’identifier aux pionniers de l’exploration. Mais la reconnaissance institutionnelle de ces missions est aussi essentielle. Les principaux travaux et rapports sont présentés lors des expositions universelles, les résultats scientifiques transmis aux institutions du monde entier.
A Paris, la Société de géographie se passionne pour cette entreprise d’exploration sans précédent de l’Ouest américain. Elle est en contact avec les chefs de mission qui sont pour la plupart membres correspondants. Elle suit les progrès de l’exploration américaine, relaie les découvertes dans son bulletin et reçoit des centaines de volumes de rapports et d’atlas. De 1876 à 1889 plus de 1200 documents photographiques lui sont adressés dont certains sont spécialement conçus pour elle. Cet ensemble exceptionnel est désormais en ligne :
- King Survey : images, cartes stéréoscopiques
- Wheeler Survey : images, cartes stéréoscopiques
- Hayden Survey : images, cartes stéréoscopiques
- Powell Survey : images, cartes stéréoscopiques
Travail d’inventaire mené en collaboration avec l’UFR d’Etudes anglophones de l’Université Paris VII
Pour en savoir plus : Brunet, François (dir.). Visions de l’Ouest : photographies de l’exploration américaine, 1860-1880, Giverny, Musée d’art américain de Giverny, 2007
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Des photographes au Japon
Après plusieurs reportages photographiques en Crimée (1855), en Inde (1857) puis en Chine (1860), Felice Beato (1832-1909) vénitien naturalisé anglais ouvre en 1863 un studio photographique à Yokohama. C’est une période de transition où la société japonaise est encore très largement féodale, même si l’ouverture de cinq ports aux navires étrangers en 1858 permet aux Occidentaux de s’y installer. Felice Beato est associé au dessinateur Charles Wirgman, qui l’initie à la technique de la photographie coloriée.En 1866, l’incendie de Yokohama détruit en grande partie leur atelier mais Beato se remet à l’ouvrage et reconstitue en moins de deux ans son fonds de plaques de verre. Il publie en 1868 ses premières séries de photographies en deux volumes intitulés Views of Japan, recueil de paysages japonais, et Native types, album de portraits et de scènes de la vie quotidienne.
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D’autres photographes s’installent bientôt à Yokohama, comme le baron autrichien Raimund von Stillfried Rathenicz (1839-1911), qui travaille avec Beato avant d’ouvrir son propre studio en 1871. Stillfried entreprend plusieurs voyages, dont un reportage à Hokkaidô en 1872 puis, en janvier 1877, il choisit comme partenaire commercial le photographe allemand Hermann Andersen. La nouvelle compagnie Stillfried & Andersen rachète quelques jours plus tard le fonds Beato et exploite le stock de plaques négatives jusqu’en juin 1878.
Les cinq volumes de la Société de géographie intitulés « Japonais » forment un des exemplaires les plus complets au monde de l’album « Stillfried & Andersen » avec trois cent cinquante épreuves photographiques réalisées et coloriées à la main en 1877 et 1878 dans l’atelier Stillfried & Andersen à partir de plaques négatives de Stillfried lui-même, du fonds Beato racheté en 1877, mais également d’autres photographes. La liste manuscrite des photographies, insérée dans l’un des volumes, pourrait être de la main de Stillfried.
Les sujets traités, les lieux représentés, souvent empruntés aux maîtres de l’estampe (ukiyo-e), donnent l’image d’un pays immuable alors même que l’archipel entre en 1868 dans la période de profonds bouleversements de l’ère Meiji. Ce décalage s’explique aisément par le public auquel sont destinés les clichés, clientèle naissante de touristes étrangers qui profite de l’ouverture du pays. Les voyageurs au Japon sont nombreux : Aimé Humbert , Emile Guimet , Edmond Cotteau, Hugues Krafft, pour ne citer que quelques Français. Leurs itinéraires dans l’archipel se recoupent en bien des relais du Tokaido, cette route historique qui relie l’ancienne résidence impériale, Kyoto, à la nouvelle capitale du shogun, Tokyo. À la recherche d’exotisme et au goût des voyageurs pour le pittoresque, les photographes répondent par ces images d’un Japon éternel : paysages célèbres, temples et lieux sacrés, portraits de femmes élégantes, figures de samouraïs, métiers et scènes de rues.
En 1881, Kinbei Kusakabe (1841-1934), élève de Beato et Stillfried, ouvre son propre studio à Yokohama et acquiert quatre ans plus tard une partie des négatifs de ses deux maîtres qu’il retirera régulièrement. Les studios japonais sont déjà nombreux et proposent plusieurs milliers de vues touristiques aux voyageurs. Si les images du Japon d’autrefois sont de loin les plus répandues, certaines vues trahissent le processus irréversible de modernisation et d’occidentalisation que résume l’expression Bunmei Kaika (civilisation et lumière).
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La Société de géographie a été fondée à Paris en 1821 avec pour buts de concourir aux progrès de la géographie et d’encourager les voyages de découvertes dans les contrées encore inconnues. Une bibliothèque est prévue dès l’origine et s’enrichit au fil des années d'une documentation considérable reçue par don ou échange : récits de voyage, revues de géographie, cartes et atlas, notes et carnets d’explorateurs et, dans le dernier quart du siècle, photographies. C’est en effet dans la décennie 1875-1885 que la photographie va prendre toute sa place dans les collections. Les premiers dons importants et spontanés de photographies d'explorateurs ou de voyageurs arrivent à la bibliothèque suscitant l'intérêt de ses dirigeants. La Société de géographie sollicite alors, sous l'impulsion de son bibliothécaire James Jackson, les dons de photographies à caractère géographique. En quelques années plusieurs milliers de photographies sont reçues et constituent l'embryon d'une collection qui ne cessera de croître au cours des décennies.
Le département des Cartes et Plans de la BnF est depuis 1942 dépositaire des collections de la Société de géographie. Le fonds iconographique compte environ 145 000 photographies, prises entre 1850 et 1950 dans le monde entier. L'intérêt de cette collection, où se croisent la géographie, l'histoire, l'ethnologie, l'archéologie ou l'architecture est à la fois documentaire et esthétique, comme en témoignent certains grands noms de la photographie : Felice Beato, Désiré Charnay, Timothy O'Sullivan, Marc Ferrez ou Aimé Civiale. La numérisation de ce fonds est en cours depuis 2007 et permet de mettre en ligne chaque année plusieurs milliers d'images sur Gallica et Gallica intra muros.
Et ailleurs
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Exposition virtuelle BnF
Exposition "Trésors photographiques de la Société de Géographie"